(c)mach'


« Je suis comme ça et puis c'est tout ! »

Extravertie
Caractérielle
Drôle
Tête en l'air

Talk, I'm listening to you

« Je ne sais pas vraiment par quoi commencer… Vous savez, habituellement, c’est moi qui suit à votre place, c’est moi qui pose les questions. Je n’ai pas l’habitude de raconter ma vie à un parfait inconnu et pourtant, certains l’ont fait avec moi. Je ne me suis jamais vraiment mise à la place de la personne en face de moi, sur ce canapé de cuir, recroquevillée et pourtant, prête à vous confesser la moindre de ses actions passées. »

« Voyons, mademoiselle Brian, nous ne sommes pas dans un confessionnal mais dans un cabinet de psychologue. Vous pouvez tout me dire sans que je vous juge. »

Je soupirai lentement, afin de remettre toutes mes idées en place. Et je me lançai. Au départ, ma voix raisonnait doucement dans la petite pièce puis elle prit paisiblement de plus en plus d’assurance.

« Je suis née au Texas, à Austin plus précisément. Mes parents n’étaient pas une des familles les plus riches de la ville mais ils avaient tout de même des revenus modérés. Ma mère était institutrice en maternelle et mon père s’occupait de la gestion d’une petite supérette. J’ai vraiment grandi entourée d’amour, je n’ai manqué de rien. Lorsque j’ai eu trois ans, mes parents m’ont annoncé que j’allais avoir une petite sœur ou un petit frère. Vous savez, je n’étais pas comme ces petites filles qui manifestaient de l’antipathie contre le futur arrivant, j’étais plutôt … Heureuse ! C’est ce qui me manquait, de la compagnie. Oui parce que moi, j’adore quand il y a de l’agitation, du bruit autour de moi. »

Je m’arrêtai quelques instants, reprenant peu à peu mon souffle. Je venais de déblatérer une tirade en un seul souffle. Je me perdis peu à peu dans mes songes, laissant mon regard vagabonder sur les meubles qui décoraient la pièce. Même si décorer était un grand mot dans ce cas. Je ne me souvenais plus trop la raison de ma présence ici, je crois que ça rassurait mes parents. Ils venaient de divorcer et ils s’inquiétaient tout deux de mon comportement. Et pourtant, j’avais tout de même vingt et un ans. J’avais donc accepté pour les rassurer. Qu’est-ce qu’on ne fait pas pour apaiser ses parents.

« Très bien Misery, je peux vous appeler Misery ? »

« Je m’appelle ainsi, alors pourquoi s’en priver. »

« C’est vrai. Ensuite, votre adolescence ? »

« Banale. Il n’y a pas vraiment d’autres mots, je travaillai dans toutes matières pour avoir de bons résultats et ainsi satisfaire mes parents. Même si je n’étais pas très forte en physique et en histoire, je ne vois pas l’intérêt de ces matières, mais on ne me demandait pas mon avis, donc je les travaillais toute de même. Sage, je l’étais encore. Ensuite, je suis entrée au lycée. Je commençai à m’entourer de gens, de beaucoup de gens. La plupart n’était pas les plus fréquentables mais qu’est-ce que je m’amusais. De plus, à leurs côtés j’en apprenais de plus en plus sur la psychologie humaine. Je ne suis pas vraiment douée avec les relations humaines, en vérité, pour moi les gens qui m’entourent sont plus des sujets d’étude. Mais je sais feindre les sentiments, alors j’arrive à gérer tout ça. C’est bizarre n’est-ce pas ? J’ai l’impression d’être dans un film. Vous savez ce genre de film où la personne est interrogée pour savoir pourquoi elle a fait ceci ou cela. »

« Mais non, Misery. Cet entretient n’est qu’une formalité. Dès que vous êtes entrée j’ai vu que vous étiez tout à fait saine d’esprit et que vos parents se faisaient des frayeurs pour pas grand-chose. Ce sont juste vos repères qui se voient chamboulés et cela arrive à tout âge. Continuez, voulez-vous. »

« Oui. J’ai eu ma période rébellion, comme tous adolescents. Je prenais un peu de drogue, je fumais plus que de raison. Pour tester mes limites. J’ai arrêté la drogue, il y a quelques temps, je ne voyais plus l’intérêt de cette addiction. Je continue toutefois à fumer, pas comme un pompier, j’ai réduit. Mais je ne peux me passer de cette petite dose de nicotine. Chacun ses addictions et puis il faut bien mourir de quelque chose, vous ne croyez pas ? »

« C’est une manière de voir les choses. Et maintenant qu’allez vous faire ? »

« Je vais entrer dans un internat, histoire de commencer mes études de psychologie. Au pensionnat de Review, en Angleterre. C’est un peu mon moyen de m’éloigner de tout ce bordel. Excusez mon langage. Je vais prendre l’air anglais, respirer un bon coup et me plonger tête la première dans les cours. »

« Très bien, c’est un bon programme Misery. Nous avons terminé. Bonne chance à toi, puisque c’est la dernière fois que nous nous voyons. »

« Merci. »

Je me levai, un peu trop vite peut-être et sortie de la pièce, consciente désormais du métier que j’exercerai plus tard. Je suis sure de toute manière que c’est plus intéressant sur le fauteuil que sur le canapé. Je dévalai les marches et rejoins la rue principale, prête à rejoindre la petite famille et passer ma dernière soirée américaine en leur compagnie.